Le 6 octobre se déroulera à Clermont-Ferrand une manifestation nationale pour dénoncer les dangers de l’incinération sur la santé et l’environnement.

Publié le par Gérons mieux nos déchets

                                                                    Pourquoi brûler quand on peut trier ?
Publié le 6 janvier 2009

Le 6 octobre se déroulera à Clermont-Ferrand une manifestation nationale pour dénoncer les dangers de l’incinération sur la santé et l’environnement. Ce sera aussi l’occasion de défendre une gestion des déchets plus pertinente…

Déchets brûlés, déchets oubliés ? Que nenni ! Visuellement, le volume et la masse des déchets sont bien réduits par la combustion…
Déresponsabilisant, ce procédé n’incite nullement à réduire les déchets à la source ! Mais on oublie surtout de mentionner la dangerosité des rejets polluants que les incinérateurs génèrent à leur tour : résidus solides (cendres et mâchefers), résidus liquides et fumées toxiques… La France, championne de l’incinération est très en retard sur ses voisins européens sur le tri et le recyclage.

Augmentation des cancers
Les conséquences de l’incinération sur le réchauffement climatique sont considérables, puisqu’une tonne de déchets incinérée rejette une autre tonne de CO2… Depuis de nombreuses années, médecins, habitants ou associations1 dénoncent également l’impact de l’incinération sur la santé. En 2006, une étude de l’Institut national de veille sanitaire confirme leurs dires, mettant en évidence un lien statistique significatif entre l’exposition aux panaches de fumées des incinérateurs et la multiplication de certains cancers. Principales incriminées : les dioxines ! Car l’incinération est la principale source d’émissions de ces substances hautement toxiques… que l’on retrouve dans les fumées, mais aussi dans les mâchefers, lesquels sont fréquemment utilisés pour la construction des routes2 ! Les dioxines contribuent dès lors à la pollution des airs, des sols et des nappes phréatiques…
Depuis 2005, l’application tardive d’une directive européenne (décembre 2000) oblige les usines d’incinération à limiter leurs émissions de dioxines et de métaux lourds (zinc, plomb, aluminium, mercure…). Mais il serait illusoire de croire que cette réglementation annihile les dangers…
D’une part, les polluants contenus dans les résidus solides ne sont pas comptabilisés, d’autre part, les fumées rejetées contiennent des centaines d’autres molécules dangereuses non réglementées, parce que leur impact sanitaire n’a pas été étudié !

Photo : Jo Schneider
Valoriser les déchets
Onéreuses à la construction, les usines d’incinération, sont également très coûteuses à entretenir et alimenter3. Responsables de l’enlèvement des ordures, les collectivités territoriales ont donc tout à gagner à favoriser le développement d’alternatives. Il s’agit en priorité d’inciter la population à réduire sa consommation…
Car le plus écologique des déchets est celui qui n’existe pas ! Ensuite, on s’efforcera de pratiquer des politiques efficaces de valorisation des ordures. Cela commence par le tri sélectif, une filière qui de plus est intéressante en termes d’emploi et de ressources…

Zoé Busca

(1) Le CNIID (centre national d’information indépendante sur les déchets) en particulier est incontournable !
(2) Utilisation déconseillée par le laboratoire des Ponts et chaussées…
(3) 100 euros HT la tonne de déchets.



En France…

126 incinérateurs en fonctionnement
14 incinérateurs en projets ou en construction
11 200 000 tonnes d’ordures ménagères incinérées par an
3 300 000 tonnes de mâchefers produites
67 milliards de m3 de fumées rejetées


L’incinération de 75 000 t de déchets rejette par année :

225 kg d’arsenic, de plomb, 45 mg de dioxine, 22,5 kg de cadmium et de thalium, 4,5 t de substances organiques, 22,5 t de dioxyde de soufre, 4,5 t d’acide chlorhydrique, 22,5 kg de mercure, 90 t d’oxydes d’azote, 4,5 t de poussières, 22,5 t de monoxyde de carbone…


Lombri-compostage

Ici, si le ver est dans le fruit… c’est bon signe ! Alors que la France produit chaque année 32 millions de tonnes de déchets organiques1, certains parient sur ces animaux peu connus pour se débarrasser intelligemment de leurs épluchures, cheveux, et autres coquilles d’oeuf.
Généralement humides, ces matières nécessitent plus d’énergie pour se consumer et les brûler est une aberration. La solution idéale est donc de les valoriser en les transformant en compost. C’est là que les vers interviennent… Elevés dans des bacs spécifiques, les petites bêtes vont se faire un régal de nos déchets organiques, puis les rejeter en fines particules.

Photo : Vers la terre
Appelée vermi-compostage ou lombri-compostage, cette technique permet de fabriquer une couche d’engrais solide et une d’engrais liquide. L’un comme l’autre étant très fertilisants et non polluants…
« Mais je vis en appartement… » Pas de problème ! Le lombricompostage, rapide et inodore, à la différence du plus connu « compostage en tas », peut se pratiquer n’importe où… En ville, la gestion du compost sera plus compliquée, mais il existe des solutions ! L’engrais liquide servira notamment pour les plantes d’appartement. Quant à l’engrais solide, il réjouira sans doute des amis ayant un jardin, si votre balcon est plein ! A Paris, des filières de collecte du compost s’organisent, via les AMAP2 ou les jardins partagés…
Dans d’autres villes, ce sont les collectivités elles-mêmes qui ramassent puis utilisent le compost, dans leurs parterres, parcs et jardins. Sur la communauté de communes de Pézenas, par exemple, les familles qui s’équipent d’un lombri-composteur sont subventionnées.

(1) dont 8 millions pour les ménages.
(2) vente directe de l’agriculteur au consommateur.



Pesée embarquée

La Porte-d’Alsace (Haut-Rhin) a été la première collectivité française à instaurer la pesée embarquée, une redevance incitative au tri. Rencontre avec son président, Patrick Fischer.

La Porte-d’Alsace est passée de 370 kilos de déchets résiduels par an et par habitant (1990) à 96 kilos (2007)…
La facturation au poids incite directement l’usager à réduire sa masse de déchets. Tout ce qu’il met dans sa poubelle d’ordures ménagères, il le paye… Tout le reste part en tri sélectif et ne lui est pas facturé. De plus nous avons aidé la mise à disposition des composteurs. On en a distribué près de 2000 pour 5500 foyers, ce qui permet de sortir les bio déchets de la poubelle. On ne s’attendait pas à avoir de tels résultats en matière de tri sélectif. Nous collectons plus de 80kg/an/hab. de papier, carton… alors que le gisement attendu était de 25/30kg !

N’avez-vous pas vu les décharges sauvages se multiplier ?
Nous avons des brigades vertes sur notre territoire qui font un très bon travail. Elles collectent dans la nature 25 tonnes d’ordures par an (4,6 grammes par jour et par habitant), une quantité qui n’a pas augmenté significativement avec la mise en place de la pesée embarquée. Bien sûr, on peut trouver des flux de déchets sur des lieux de travail, mais cela reste très minime.

Quelle erreur peuvent éviter les collectivités souhaitant s’engager dans cette voie ?
Celle que nous avons commise au début : l’usager ne payait que ce qu’il sortait. Certains pouvaient atteindre la facture zéro en ne sortant jamais leur poubelle (par exemple en regroupant les déchets de 2 foyers dans une même poubelle) ! Nous avons donc rapidement institué une part fixe dans la facture qui représente le coût de ce qui est trié.

Photo : Philippe Renault / Eco-emballages
Alors, les avantages de la pesée embarquée ?
Très clairement on diminue la quantité de déchets incinérés… Il y a ensuite la possibilité de valoriser tout le tri sélectif, à condition d’avoir des quantités suffisantes et donc il est parfois nécessaire de se regrouper avec des collectivités qui ont les mêmes pratiques. Aujourd’hui, on voit un changement de cap : les élus ne viennent plus simplement nous voir par curiosité mais pour étudier un système et l’adapter à leur collectivité.

Dans le département, le projet d’un 3ème incinérateur avance… y aura-t-il encore des ordures à incinérer si toutes les collectivités suivent votre voie ?
Effectivement, si tout le monde se mettait au tri et avait des résultats comparables, aurions-nous besoin d’un nouvel incinérateur ? Tout dépend de la volonté des collectivités à mettre en place un tri… Ici, la population est fière de ce système et reste très favorable à son maintien.
L’intérêt de la population est là … et on a très peu de refus de tri. Grâce à nos choix d’incitation financière et d’éducation, la communauté est passée à 96 kg/an de déchets non triés par habitant (au lieu de 360 kilos ailleurs en moyenne) et au coût d’enlèvement parmi les plus bas de France. Chaque citoyen paye l’élimination de ses déchets « au réel » comme ils le font pour leur consommation d’eau et d’électricité.

Interview réalisée par Jo Schneider, coopérateur de l’âge de faire et Régis Absolu, secrétaire de NIAH


Le principe de la pesée

Opposés à un projet d’incinérateur, les 14 000 habitants de la communauté de communes de la Porte-d’Alsace se mettent activement au tri dès 1990. Mais ils paient toujours la même somme pour la collecte et l’élimination des ordures… En 1999, sous la houlette du maire d’une des 33 communes, Dany Dietmann, les élus adoptent une redevance incitative inédite : la pesée embarquée. Les ordures ménagères non triées sont collectées dans un bac muni d’une puce électronique au nom de son propriétaire, pesé par le camion-benne avant d’être vidé.
Chaque ménage paie alors en proportion du poids d’ordures confiées à la commune… En France, seuls les habitants d’une vingtaine de collectivités paient l’enlèvement selon le volume ou le poids de leurs poubelles, soit… 0,8 % de la population ! Parmi eux une seule grande ville : Besançon.


Bus lillois : des épluchures dans le moteur

Photo : Zoé Busca
Transformer une partie du contenu de vos poubelles en carburant pour les transports en commun, tel est le pari de la métropole lilloise. Le mois dernier, la communauté urbaine inaugurait ainsi à Sequedin le troisième centre français de valorisation organique. Appelé « méthanisation », ce procédé consiste à décomposer de la matière organique par l’action des bactéries pour en faire du biogaz – utilisable comme énergie – et du compost – utilisable comme engrais.
Entre les déchets des ménages, les restes des marchés municipaux, les déchets alimentaires de la restauration et les déchets verts collectés en déchetterie, la métropole collecte annuellement quelque 100 000 tonnes de déchets organiques. Grâce au centre de méthanisation, ce sont tout autant de déchets qui ne seront pas incinérés mais valorisés !
Malgré l’importance de l’investissement (50 millions d’euros), l’expérience est donc plus que rentable… Ultime originalité du dispositif lillois, le biogaz produit alimentera bientôt une flotte de 150 bus du réseau métropolitain. Un choix doublement écologique donc…

Source : La Revue Durable, n°22


Incinérateur inutile !

En généralisant la pratique du tri sélectif et la facturation incitative à toutes les communes du Haut-Rhin, on diviserait par deux la quantité de déchets à traiter par les collectivités. Ce qui serait déjà amplement suffisant pour alimenter les deux incinérateurs existants du département ! Pourtant, le projet d’un nouvel incinérateur est toujours d’actualité à Aspach-le-Haut… Depuis quatre ans, les associations NIAH et Alsace nature se battent pour empêcher une construction à la fois inutile, coûteuse et dangereuse pour les habitants du Haut-Rhin. Déjà adopté par les élus locaux, le projet doit toutefois encore être soumis à enquête publique d’ici la fin de l’année, avant obtention du permis de construire.
Pour les habitants, c’est la dernière chance de se faire entendre et d’économiser ainsi leurs poumons et… 70 millions d’euros d’impôts locaux ! En espérant que cet exemple de la Porte-d’Alsace fasse école dans les communes voisines !


« Incinérateurs : les médecins se mobilisent »

Une manifestation nationale contre l’incinération des déchets aura lieu le 6 octobre à Clermont-Ferrand. Cette initiative est lancée par un collectif constitué de près de 500 médecins clermontois, signataires d’un appel contre la construction d’un incinérateur. Ils demandent notamment la mise en place d’un registre des cancers dans leur département.
La journée sera relayée à Marseille par une conférence de presse de l’ASEP (Association Santé Environnement Provence) et de médecins signataires d’un appel contre l’incinérateur que la Communauté Urbaine de Marseille construit à Fos-sur-Mer. L’ASEP (160 praticiens), préoccupée par l’exposition de la population à l’importante pollution industrielle de Fos-sur-Mer et sa région, demande la publication officielle et transparente des données épidémiologiques sur les incidences de certains cancers, des maladies cardio-vasculaires, respiratoires et allergiques.
Les collectifs locaux rassemblés au sein du « Front Citoyen de Résistance du Golfe de Fos » ont collecté plus de cent signatures de praticiens des Bouches du Rhône qui s’ajoutent à celles des praticiens de l’ASEP. L’appel lancé souligne que le danger ne vient pas seulement des dioxines mais aussi de centaines de produits polluants pour la plupart sans normes légales, et reprend l’avertissement de Pr Belpomme sur les produits bromés. La lutte contre les incinérateurs se poursuit, contre l’obstination des décideurs politiques et la pression des groupes industriels. Les alternatives existent : dans les Bouches-du-Rhône le Conseil Général a voté un Plan Départemental de traitement des déchets sans incinération, avec tri, recyclage et méthanisation.

Collectif MCI (les Marseillais Contre l’Incinérateur)


> CNIID (Centre National d’Information Indépendante sur les Déchets) :
Tél. : 01 55 78 28 60 - www.cniid.org
> Porte-d’Alsace, pesée embarquée :
www.cc-porte-alsace.fr/...
> Incinérateur Aspach-le-Haut :
www.niah.ouvaton.org
> Incinérateur Fos-sur-Mer :
www.recyclons13.org
www.collectif-anti-incineration.com
www.gazdefos.com
> ASEP (Association Santé Environnement Provence) :
http://upsis.club.fr/asep
> Incinération :
www.lalliance.fr/Ateliers-Actions/Action-Dechets
www.france-incineration.org
> Lombri-compostage :
www.verslaterre.fr
www.lombriculture.fr
> www.stoplastok.org
Tél.:01 40 31 34 48
> www.methanisation.info
> ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) :
www.ademe.fr

 



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Source: http://www.lagedefaire.info/spip/spip.php?article451
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